« Les marchés de services auxiliaires : assurer la stabilité des réseaux »

2 octobre 2025

services auxiliaires réseaux énergétiques

Introduction

Imaginez un instant un réseau électrique sans surveillance, où l’offre et la demande s’affrontent sans coordination. Le résultat serait immédiat : pannes généralisées, instabilité et chaos. C’est précisément pour éviter ce scénario que les services auxiliaires jouent un rôle absolument critique. Dans le contexte des réseaux énergétiques, ces services désignent l’ensemble des opérations techniques et commerciales qui garantissent en permanence l’équilibre entre la production et la consommation d’électricité, ainsi que la qualité de l’onde électrique (fréquence et tension). Ils sont les coulisses invisibles mais indispensables de notre approvisionnement en énergie, assurant que l’électricité arrive à chaque prise, au bon moment et à la bonne qualité.

L’importance de ces services n’a jamais été aussi prégnante qu’en ce milieu des années 2020. Alors que nous sommes pleinement engagés dans une transition énergétique ambitieuse, caractérisée par une intégration massive des énergies renouvelables (solaire, éolien), les défis se multiplient. Ces sources, par nature intermittentes et décentralisées, apportent une complexité nouvelle à la gestion des réseaux. La variabilité de leur production demande une flexibilité accrue et une réactivité sans précédent de la part du système. Les services auxiliaires deviennent donc le pilier central permettant de concilier les impératifs écologiques avec la nécessité d’un approvisionnement électrique stable et sûr.

Pour les gestionnaires de réseaux (Transmission System Operators comme RTE en France, ou Distribution System Operators), les enjeux de stabilité sont gigantesques. Leur mission première est de maintenir la fréquence du réseau à 50 Hz et la tension dans des plages acceptables, tout en faisant face aux imprévus (pannes d’une centrale, fluctuation de la demande, etc.). Une défaillance dans ces équilibres peut entraîner des coupures de courant coûteuses et dangereuses, affectant des millions de foyers et d’entreprises. Les marchés de services auxiliaires sont donc le mécanisme par lequel ils achètent la capacité de réagir et de stabiliser le réseau, transformant une contrainte technique en une opportunité économique pour les acteurs capables d’offrir cette flexibilité indispensable.

Les fondamentaux des services auxiliaires

Pour bien appréhender les marchés de services auxiliaires, il est essentiel de comprendre leur nature profonde et les catégories qui les composent. Ces services sont la colonne vertébrale technique qui soutient l’intégrité et la fiabilité de nos réseaux électriques.

Définition et typologie des services auxiliaires

Les services auxiliaires regroupent toutes les actions techniques qu’un gestionnaire de réseau doit prendre pour maintenir le système électrique dans un état sûr et fiable. C’est un peu comme l’équipe de maintenance d’un avion qui assure que tous les systèmes fonctionnent parfaitement avant et pendant le vol.

Parmi les plus critiques, on trouve :

  • Services de régulation de fréquence et de tension : Imaginez la fréquence comme le « pouls » du réseau (50 Hz en Europe) et la tension comme sa « pression artérielle ».
    • Régulation de fréquence : Tout déséquilibre entre la production et la consommation entraîne une variation de la fréquence. Si la demande excède l’offre, la fréquence chute, et inversement. Les services auxiliaires agissent en quelques secondes ou minutes pour ramener la fréquence à son niveau nominal.
    • Régulation de tension : La tension doit rester dans des limites strictes pour garantir le bon fonctionnement des appareils électriques et éviter les pertes. Ces services assurent la stabilité de la tension aux différents points du réseau.

En complément, le système s’appuie sur différentes « réserves » pour parer aux imprévus :

  1. Réserves primaires : Elles agissent en quelques secondes, de manière automatique, pour contrer les variations de fréquence les plus immédiates. C’est la première ligne de défense, essentielle pour la stabilité instantanée.
  2. Réserves secondaires : Elles prennent le relais des réserves primaires, agissant dans les minutes qui suivent un événement. Elles permettent de rééquilibrer le système et de libérer la réserve primaire pour une nouvelle intervention.
  3. Réserves tertiaires : Ces réserves sont mobilisées sur une échelle de temps plus longue (dizaines de minutes à quelques heures). Elles servent à restaurer la réserve secondaire et à préparer le système à une gestion à plus long terme.

Enfin, il existe des services très spécifiques pour les situations extrêmes :

  • Services de black-start : En cas de panne générale (un black-out), ce service permet de redémarrer le réseau électrique depuis un état initial sans électricité, grâce à des unités de production capables de démarrer de manière autonome.
  • Services d’îlotage : Ils consistent à isoler une partie du réseau et à la faire fonctionner de manière autonome en cas de défaillance du réseau principal. Cela permet de maintenir l’alimentation d’une zone spécifique et d’éviter une propagation de la panne.

Acteurs clés et cadre réglementaire

La gestion de ces services complexes repose sur un écosystème d’acteurs bien définis et un cadre réglementaire strict.

Au centre de ce dispositif se trouvent les gestionnaires de réseaux. En France, il s’agit de RTE pour le réseau de transport d’électricité (HTB) et d’Enedis (et des ELD) pour les réseaux de distribution (HTA/BT). Leur rôle est absolument crucial :

  • Opération du système : Ils sont les chefs d’orchestre du réseau, assurant l’équilibre permanent entre l’offre et la demande.
  • Achat de services auxiliaires : Ils organisent des appels d’offres ou des marchés pour acquérir auprès des producteurs, des consommateurs flexibles ou des agrégateurs la capacité à fournir ces services (réserves, régulation, etc.).
  • Planification : Ils anticipent les besoins futurs en services auxiliaires et planifient les investissements nécessaires pour maintenir la fiabilité du réseau.

Le cadre législatif en vigueur en 2025 est fortement influencé par la régulation européenne. Des directives comme le paquet « Énergie propre pour tous les Européens » (Clean Energy Package) ont profondément harmonisé et libéralisé les marchés de l’électricité, y compris ceux des services auxiliaires. L’objectif est de favoriser une concurrence accrue et l’intégration des énergies renouvelables et des nouvelles technologies. Au niveau national, chaque pays transpose ces directives dans son droit, adaptant les règles de marché et les obligations des acteurs. Cette régulation est une danse constante entre la nécessité technique de la stabilité du réseau et les impératifs économiques de l’ouverture à la concurrence.

« Les nuages s’amoncellent sur les marchés financiers » – Le Monde Blog Finance

Si cette citation fait référence aux marchés financiers, elle résonne également avec l’impact de la réglementation sur les marchés énergétiques. Loin d’être de simples contraintes, ces cadres réglementaires structurants, souvent complexes, sont indispensables pour définir les règles du jeu, assurer la sécurité d’approvisionnement et protéger les consommateurs, tout en encourageant l’innovation et la participation de nouveaux acteurs économiques à la fourniture de services essentiels pour le réseau.

Évolution et modernisation des marchés de services auxiliaires

Les marchés de services auxiliaires ne sont pas statiques ; ils sont en constante mutation, poussés par les avancées technologiques et la transition énergétique. Cette transformation est essentielle pour maintenir la fiabilité des réseaux face aux défis croissants.

Digitalisation et automatisation des services

L’ère numérique a radicalement changé la façon dont les réseaux électriques sont gérés, rendant les services auxiliaires plus sophistiqués et réactifs.

Les nouvelles technologies sont au cœur de cette révolution dans la gestion des réseaux. On observe un déploiement massif de :

  • Capteurs intelligents : Dispersés sur tout le réseau, ils collectent en temps réel des données précises sur la fréquence, la tension, les flux de puissance, et la production des unités.
  • Compteurs communicants (smart meters) : Ils permettent une mesure fine de la consommation et de la production décentralisée, ouvrant la voie à une meilleure gestion de la demande.
  • Plateformes de données massives (Big Data) : Elles agrègent et traitent l’énorme volume d’informations généré, transformant ces données brutes en informations exploitables pour la décision.

L’Intelligence Artificielle (IA) et les outils de prédiction sont devenus des alliés indispensables pour anticiper les besoins en services auxiliaires. L’IA permet de :

  • Prévoir la production renouvelable : En analysant les données météorologiques, elle estime avec une précision accrue la production solaire et éolienne, réduisant l’incertitude.
  • Anticiper les variations de consommation : En apprenant des habitudes passées, l’IA peut prédire les pics et les creux de la demande, permettant aux gestionnaires de réseau d’activer les services auxiliaires de manière proactive.
  • Optimiser les réserves : Grâce à des algorithmes avancés, il est possible de calculer en temps réel la quantité et le type de réserves nécessaires, minimisant les coûts tout en garantissant la stabilité.

Pour comprendre l’ampleur de ces améliorations, il est utile de se pencher sur des cas concrets. Les systèmes basés sur l’IA peuvent, par exemple, détecter les anomalies bien avant qu’elles ne deviennent des pannes majeures, ou optimiser l’envoi de signaux aux producteurs pour qu’ils ajustent leur puissance. Pour approfondir ce sujet, n’hésitez pas à consulter des ressources spécialisées sur la question : Comment l’IA peut améliorer la gestion des réseaux électriques.

Intégration des énergies renouvelables

L’essor des énergies renouvelables (EnR) est une nécessité pour la décarbonation, mais il a profondément remodelé les défis liés à la stabilité des réseaux, et par ricochet, les marchés de services auxiliaires.

Les défis spécifiques liés à l’intermittence des EnR sont au cœur de cette transformation :

  • Variabilité imprévisible : Le soleil ne brille pas toujours et le vent ne souffle pas constamment, rendant la production difficile à anticiper avec une précision parfaite sur des pas de temps courts.
  • Inertie réduite : Contrairement aux centrales thermiques classiques qui contribuent naturellement à la stabilité du réseau par leur inertie mécanique, de nombreuses EnR ne fournissent pas ce service intrinsèquement.
  • Localisation décentralisée : La production est souvent dispersée, entraînant de nouveaux flux de puissance et des défis de gestion des congestions.

Face à ces enjeux, de nouveaux modèles de fourniture de services auxiliaires émergent et deviennent la norme :

  1. Participation des EnR elles-mêmes : Les parcs éoliens et solaires, équipés d’onduleurs intelligents, peuvent désormais être configurés pour fournir certains services auxiliaires, comme la régulation de tension ou une partie de la régulation de fréquence.
  2. Rôle accru du stockage d’énergie : Les batteries, qu’elles soient à l’échelle industrielle ou résidentielle, sont idéales pour l’apport rapide de flexibilité. Elles peuvent injecter ou absorber de l’électricité en quelques millisecondes, offrant des réserves et des capacités de régulation de fréquence ultra-rapides.
  3. Agrégation de flexibilités : Les agrégateurs regroupent de petites sources de flexibilité (parcs solaires, batteries de véhicules électriques, effacement de consommation) pour atteindre des seuils de puissance suffisants pour participer aux marchés.

Cette évolution n’est pas sans rappeler les transformations qu’ont connues d’autres services essentiels par le passé.

« Les services publics entre réforme et déclin » – Le Monde Économie

Comme les services publics ont dû s’adapter aux réformes et à la pression économique, les gestionnaires de réseaux et les acteurs des marchés de services auxiliaires doivent constamment innover et intégrer de nouvelles technologies et de nouveaux acteurs pour répondre aux exigences d’un système électrique de plus en plus complexe et décarboné.

Modèles économiques et valorisation des services auxiliaires

Comprendre comment les services auxiliaires sont achetés, vendus et valorisés est crucial pour tout acteur souhaitant s’impliquer dans la stabilité des réseaux électriques. Ces mécanismes financiers sont le moteur qui incite les fournisseurs à offrir la flexibilité dont le système a besoin.

Mécanismes de rémunération

La rémunération des services auxiliaires repose sur des architectures de marché diverses, conçues pour optimiser les coûts et garantir la sécurité d’approvisionnement.

  1. Approches basées sur le marché : La majorité des services auxiliaires sont aujourd’hui achetés via des mécanismes de marché compétitifs. Les gestionnaires de réseaux (GRT) lancent des appels d’offres où les fournisseurs (centrales électriques, agrégateurs, unités de stockage) soumettent leurs propositions. Le prix est souvent déterminé par un mécanisme de « pay-as-bid » (chaque fournisseur est payé au prix qu’il a proposé) ou par un prix marginal (tous les fournisseurs retenus sont payés au prix de l’offre la plus chère nécessaire pour couvrir le besoin). L’objectif est de stimuler la concurrence et d’obtenir le service au meilleur coût.

  2. Contrats à long terme et enchères : Pour des services spécifiques, comme le black-start ou certaines réserves stratégiques qui nécessitent des investissements lourds ou une disponibilité garantie sur de longues périodes, les gestionnaires de réseaux peuvent recourir à des contrats pluriannuels. Ces contrats sont souvent attribués à l’issue de processus d’enchères réguliers, permettant de sécuriser la capacité nécessaire tout en offrant une visibilité financière aux investisseurs. La combinaison de marchés spot et de contrats à terme assure un équilibre entre flexibilité opérationnelle et sécurité d’approvisionnement.

  3. Valorisation de la flexibilité : Au cœur de ces mécanismes se trouve la flexibilité. Ce n’est plus seulement l’énergie qui est valorisée, mais la capacité à modifier sa production ou sa consommation rapidement et de manière contrôlable. La valeur de cette flexibilité dépend de plusieurs facteurs :

    • Rapidité d’activation : Un service qui répond en quelques secondes a une valeur plus élevée qu’un service qui prend plusieurs minutes.
    • Durée de la prestation : La capacité à maintenir une intervention pendant plusieurs heures est également un critère important.
    • Localisation : La flexibilité fournie à un point stratégique du réseau (pour soulager une congestion, par exemple) peut être plus valorisée.
    • Fiabilité : La certitude que le service sera fourni quand il est demandé est primordiale.

Nouveaux entrants et diversification des offres

Les marchés de services auxiliaires s’ouvrent à de nouveaux acteurs, diversifiant considérablement l’éventail des solutions disponibles et augmentant la concurrence.

  • Agrégateurs et opérateurs de stockage :

    • Les agrégateurs jouent un rôle essentiel en regroupant de petites unités de flexibilité (parcs solaires, batteries, groupes électrogènes de secours, consommations industrielles modulables) pour atteindre une taille critique et participer aux marchés. Ils gèrent la complexité technique et administrative pour le compte de leurs clients, leur permettant de monétiser leur flexibilité.
    • Les opérateurs de stockage d’énergie, notamment les batteries, sont devenus des acteurs majeurs. Leur capacité à injecter ou absorber de grandes quantités d’électricité en millisecondes les rend idéaux pour les services de régulation de fréquence primaire et secondaire, offrant une réactivité et une précision inégalées.
  • Participation des consommateurs via la demand-response :
    La demand-response (ou effacement de consommation) est une approche où les consommateurs sont incités à réduire temporairement leur consommation d’électricité en échange d’une rémunération. Cela peut concerner :

    • Les industriels : qui peuvent décaler des processus énergivores ou basculer sur des sources d’énergie alternatives.
    • Le secteur tertiaire : par l’ajustement de la climatisation, de l’éclairage, etc.
    • Potentiellement, à l’avenir, les ménages : via des appareils connectés qui modulent leur consommation de manière intelligente.
      Cette participation active des consommateurs transforme la gestion du réseau, passant d’un modèle purement axé sur la production à une approche plus holistique incluant la gestion de la demande.

L’émergence de ces nouveaux modèles et acteurs crée une dynamique de marché plus riche et plus résiliente. Cette transformation n’est pas sans rappeler la manière dont les technologies numériques et la « mise en réseau » ont révolutionné d’autres secteurs.

« Les réseaux nous aident-ils à gérer les transformations du travail ? » – Le Monde Blog InternetActu

De la même manière que la mise en réseau et la collaboration ont transformé l’organisation du travail et l’économie collaborative, la connexion d’une multitude de sources de flexibilité au sein de « réseaux intelligents » (smart grids) est en train de redéfinir les marchés de services auxiliaires, les rendant plus agiles, plus efficaces et plus à même de relever les défis de la transition énergétique.

Enjeux et perspectives des marchés de services auxiliaires

Les marchés de services auxiliaires, bien qu’en pleine évolution, font face à des défis techniques et opérationnels complexes. Cependant, ils sont aussi le terreau fertile de nombreuses innovations qui façonneront le réseau électrique de demain.

Défis techniques et opérationnels

Avec la transition énergétique et l’arrivée de nouveaux acteurs, la gestion des services auxiliaires devient un exercice d’équilibriste de plus en plus sophistiqué.

  1. Coordination des différents services : La multiplicité des sources de flexibilité (centrales traditionnelles, parcs éoliens/solaires, batteries, effacement industriel, véhicules électriques) complexifie la tâche des gestionnaires de réseaux. Chaque service a ses propres caractéristiques : temps de réponse, durée d’activation, coût, contraintes techniques. Il est impératif d’orchestrer ces services de manière optimale, en temps réel, pour maintenir la stabilité du réseau. Cela nécessite des systèmes de communication et de contrôle avancés, capables de prioriser et d’activer les ressources les plus pertinentes à chaque instant.

  2. Gestion des congestions réseau : L’intégration massive d’énergies renouvelables décentralisées peut entraîner des situations où la capacité de transport ou de distribution d’électricité est dépassée à certains endroits du réseau. C’est ce que l’on appelle une congestion. Ces goulots d’étranglement locaux nécessitent des interventions spécifiques, comme la réduction de la production ou de la consommation dans la zone concernée. Les services auxiliaires sont de plus en plus mobilisés, non seulement pour la stabilité globale (fréquence/tension), mais aussi pour résoudre ces problèmes localisés, offrant une alternative flexible et souvent moins coûteuse que de lourds investissements dans l’infrastructure physique.

    Pour les gestionnaires de réseaux de distribution, cette problématique est particulièrement prégnante. Les flux d’énergie ne sont plus unidirectionnels, et la gestion proactive des capacités locales est devenue essentielle. Les stratégies et outils d’optimisation des réseaux de distribution d’énergie sont donc au cœur des préoccupations pour assurer une intégration efficace des EnR tout en maintenant la qualité de service.

Tendances émergentes et innovations

Au-delà des défis, les marchés de services auxiliaires sont un laboratoire d’innovations. De nouvelles technologies et concepts transforment déjà la manière dont nous envisageons la stabilité des réseaux.

  • Blockchain pour la traçabilité des services :
    La technologie blockchain, souvent associée aux cryptomonnaies, offre des perspectives fascinantes pour les marchés de services auxiliaires. Grâce à son registre décentralisé et immuable, elle pourrait :

    • Améliorer la transparence : En enregistrant de manière infalsifiable les offres, les activations et les validations de services.
    • Automatiser les paiements : Via des « smart contracts » qui déclenchent les rémunérations dès que les conditions de service sont remplies.
    • Renforcer la confiance : Entre les différents acteurs, des producteurs aux gestionnaires de réseau, en garantissant l’intégrité des données et des transactions.
      Bien que des défis réglementaires et techniques demeurent, des projets pilotes sont déjà en cours pour explorer ce potentiel.
  • Marchés locaux de services auxiliaires :
    Plutôt que d’une gestion purement centralisée, la tendance est à l’émergence de marchés plus localisés. Ces micro-marchés permettraient aux producteurs et consommateurs d’une zone géographique restreinte (quartier, ville, bassin d’emploi) d’échanger directement des services de flexibilité. L’objectif est de :

    • Répondre plus précisément aux besoins locaux du réseau (tension, congestion).
    • Valoriser la flexibilité des petites unités (autoconsommateurs avec stockage, bornes de recharge de véhicules électriques).
    • Impliquer davantage les citoyens dans la gestion énergétique de leur territoire.
      C’est un pas vers un réseau plus « intelligent » et participatif.
  • Couplage intersectoriel (sector coupling) :
    Le concept de couplage intersectoriel vise à intégrer les différents vecteurs énergétiques – électricité, chaleur, gaz, et transport – pour créer un système énergétique globalement plus efficace et flexible. Pour les services auxiliaires, cela signifie que :

    • Les véhicules électriques (VE) pourraient devenir des « batteries sur roues », offrant des capacités de stockage et de régulation au réseau (V2G – Vehicle-to-Grid).
    • Le secteur du gaz (via le power-to-gas) ou de la chaleur (via les pompes à chaleur ou la chaleur fatale) pourrait absorber l’excès d’électricité renouvelable et le restituer plus tard, offrant une flexibilité précieuse.
    • Les réseaux de chaleur pourraient agir comme des tampons énergétiques géants, modulant la consommation d’électricité des chaufferies ou pompes à chaleur en fonction des besoins du réseau électrique.
      Cette synergie entre les secteurs est une perspective majeure pour optimiser l’utilisation des ressources et renforcer la résilience de l’ensemble du système énergétique.

Conclusion

En définitive, les marchés de services auxiliaires constituent l’épine dorsale invisible mais essentielle de la stabilité de nos réseaux électriques. Nous avons vu que ces services, allant de la régulation fine de la fréquence et de la tension aux réserves d’urgence, sont plus que jamais au cœur des préoccupations des gestionnaires de réseaux. L’intégration massive des énergies renouvelables intermittentes, la décentralisation de la production et l’accroissement des besoins en flexibilité ont transformé ces marchés, les rendant plus complexes, mais aussi plus dynamiques.

Le rôle des services auxiliaires est absolument crucial pour la résilience des réseaux électriques modernes. Sans eux, la promesse d’un avenir énergétique décarboné et fiable resterait lettre morte. Ils permettent non seulement d’éviter les pannes et de garantir la qualité de l’alimentation, mais aussi de maximiser l’intégration des sources d’énergie propres en compensant leur variabilité. La digitalisation, l’Intelligence Artificielle et l’ouverture à de nouveaux acteurs comme les agrégateurs et les opérateurs de stockage sont autant de leviers qui renforcent cette résilience.

Pour la seconde moitié des années 2020, les perspectives d’évolution sont particulièrement stimulantes. Nous pouvons anticiper une intensification des marchés locaux, une participation toujours plus forte des consommateurs via la demand-response, et l’émergence de technologies comme la blockchain pour optimiser la transparence et l’efficacité. Le couplage intersectoriel, intégrant électricité, chaleur, gaz et transport, ouvrira de nouvelles sources de flexibilité, transformant le système énergétique en un écosystème interconnecté et auto-régulé. Les défis techniques et opérationnels restent de taille, notamment en matière de coordination et de gestion des congestions, mais l’innovation constante et l’adaptation réglementaire sont les clés pour les surmonter.

Vous souhaitez en savoir plus ?

Contactez nos experts pour découvrir comment optimiser votre participation aux marchés de services auxiliaires et contribuer à la stabilité des réseaux énergétiques.

Partagez l’article